Etres de crépuscule
Nous n'avons jamais appartenu à l'aurore. Nous sommes frileux et de vol lourd, rapides à nous dissimuler dans les trous des murailles et ne guettant jamais que de petites proies. Nous sommes la chauve-souris sinistre et prudente des crépuscules, l'oiseau d'expérience et de sagesse, qui sort après la rumeur du jour et craint jusqu'aux ténèbres qu'il annonce. Il nous convient de nous appeler nous-mêmes crépusculaires.
Êtres de crépuscule, récit bref d'une longue mélancolie, au sortir de la guerre, est encore teinté de l'amitié avec Georges Bataille et des années Acéphale. Le texte (de cette langue qui rappelle les plus beaux vers des poètes italiens du début du XXe siècle justement qualifiés de crépusculaires), miroir de l'Histoire, d'une époque consumée, d'un temps regretté est un vertige littéraire où «la pensée se terrifie en s'insurgeant contre elle-même».