Jours de lenteur
Mes parents, eux, ne supportaient donc ni les filles ni les livres ; et quand j'en ai eu possédé plus de trente, ils m'ont sommé de choisir entre les livres et eux, tout comme pour les filles que j'amenais chez eux dans la rue Haute, me faisaient-ils comprendre sans autre forme de procès, ma mère nous toisant avec son visage de porcelaine, sans doute parce qu'ils ne voulaient pas que je me multiplie, comme les livres, le chiendent, les mouches du printemps.
A l'instar de Ma vie parmi les ombres, ce texte inédit de Richard Millet possède un fort écho autobiographique. C'est à Siom, nom d'emprunt pour la ville corrézienne de Viam qui l'a vu naître, que prennent place les nouvelles qui composent ces Jours de lenteur. Les mots y coulent naturellement, malgré le titre, comme les eaux vives d'une rivière.