Accidents de toilette
(...) petite phénoménologie dont je me suis proposé de tracer une ébauche au sujet du vêtement. Elle peut paraître à l'excès subjective mais, relevant directement d'une expérience particulière, il me semble qu'elle peut apporter une modeste contribution à une étude plus appronfondie du phénomène. L'un des buts de cet ouvrage fut de rendre plus prudents, sans qu'ils en prennent ombrage, tous ceux que des accidents - nommément ceux de toilette (Car le sort est sibyllin comme un sphinx et plus malin et plus vif qu'une belette) - risquent de frapper un jour dans leur chair ou dans leur âme : un lacet qui traîne (on court) pourrait provoquer un drame ; une fermeture éclair bâille ou tout à coup se bloque, et vite on vous trouve l'air d'un personnage équivoque. Mais mon thème englobe aussi, plus largement, il me semble, tout ce qui maintient ensemble, pour le dire en raccourci, l'Univers - qui multiplie les accrocs dans son trajet vers le terme qu'il oublie, comme si l'anomalie, part d'un plus vaste projet, en naissant se corrigeait.
De fil en aiguille, il est question de ce qui nous caparaçonne, de ce que la défroque met à nu ou revêt dans ses incarnations.