Le portrait véritable
Si l'on en croit les copies qui en furent faites et qui subsistent ici ou là, c'était une face sérieuse, non souriante, hiératique, lèvres épaisses et ourlées, pommettes hautes et larges, de grands yeux en amande, surmontés de sourcils bien dessinés, un nez fin et long, le menton petit et rond, une fine moustache et une barbe bouclée, une ample chevelure qu'une raie sur le haut du crâne sépare.
Ce n'est pas le visage du premier venu, mais une figure sévère, hautaine, distante, comme il sied à un Dieu s'il consent à se montrer.
De tous temps le conte s'est développé en marges de toutes les littératures. Au-delà des différentes qualités de style ou d'esprit, tous révèlent une fascinante unité : la magie du verbe dans laquelle semble toujours vouloir se réfugier une secrète vérité.
Autour du mystère de l'image et de son modèle ces six contes, fantaisistes ou mordants, sont autant de tableaux peints par Jean Frémon : tout y est à la fois imaginaire et vrai. Nous sommes quittes pour une nouvelle querelle des images qui cette fois-ci soufflerait l'idée de la supériorité de la représentation face au réel...