Le repos du potier
C'est là une manière de retrouvailles avec l'esprit d'enfance : oser laisser faire sans se soucier de la critique d'autrui. L'exercice est souvent laborieux, supposant l'abandon de son amour-propre.
Dès lors les mains se lancent dans une aventure graphique où la courbe est reine absolue. Inventer des heures durant fatigue. Il est alors remarquable que, pour se reposer, les mains reviennent spontanément au cercle, répété à loisir, yeux ouverts ou fermés peu importe, telles des enfants tournoyant sur eux-mêmes, jusqu'à l'ivresse.
L'art de Daniel de Montmollin - Frère (et fondateur) de la communauté de Taizé et aujourd'hui reconnu comme l'un des grands maîtres de la céramique - dépasse de loin la simple fabrique des objets. Son travail n'est pas celui de la recherche mais plutôt celui d'une perpétuelle interrogation, toujours à la croisée de la terre et du feu. La beauté qu'il nous offre est celle d'une découverte, «dispensatrice d'une joie qui traverse toute son oeuvre écrite».
Ces quatre textes inédits cuisent les paradoxes de la poterie : sur le tour, «l'argile paraît immobile comme en un vivant repos. C'est là ce repos qui s'étend à l'être même du potier.»