Une nouvelle philosophie de la lune
La fonction métaphysique et cosmogonique de la lune est l'un des problèmes les plus fascinants qui se posent à nos sociétés modernes dominées par le symbole. Le mot qui nomme la lune est le plus ancien de tous les noms d'astres, en sanskrit mami, « je mesure » ; depuis les époques les plus reculées la lune fut l'axe de mesure du temps - aussi bien, selon Tacite, chez les Germains que chez les Sumériens, dans la Chine archaïque ou dans l'Amérique précolombienne. « Pourtant, affirme Mircea Eliade, ce n'est pas dans cette direction que doit être recherchée l'influence de la lune sur la conscience humaine, mais en premier lieu, dans le fait que le phénomène lunaire a servi d'unité de mesure ou, plus exactement, de pont entre des réalités très différentes. »
Dans ces textes parus en 1943 à Bucarest, Mircea Eliade fait appel à sa prodigieuse érudition pour traiter des questions aussi complexes que captivantes ; notamment, de l'influence des synthèses mentales lunaires sur les débuts des civilisations ou, dans Locum refrigerii, de la survie des âmes dans le monde des trépassés. Son éclectique enthousiasme l'entraîne sur des sujets aussi divers que Avant le miracle grec , Entre Eléphantine et Jérusalem, Bernard Shaw et la vierge noire, Aldous Huxley ou D’Annunzio inconnu mettant à la portée des savants autant que des profanes l'objet de ses recherches et de ses passions.