Surfaces
Editeur : Caractères
Quelle place la poésie occupe-t-elle aujourd'hui dans nos vies ? Il semblerait que la prose l'emporte à bien des égards. Il n'y a qu'à voir le nombre de romans et de nouvelles publiés chaque année. A côté, les vers font grise mine. Et pourtant...Il est des recueils qui nous rappellent que la poésie fait partie de l'essence de l'Homme. Surfaces, Journal pérpétuel, dernier recueil de Mathieu Brosseau est de ceux-là.
L'expérience poétique de la transfiguration du réel...Le langage comme expression la plus haute de la pensée...S'il s'agit d'un Journal, c'est bien parce que le point de départ de cette écriture est l'expérience du quotidien.
Expérience d'un homme parfois en proie à des démons intérieurs féroces Au réveil je m'aperçois qu'un nouvel habitant déambule / Dans ma tête. Mais cette expérience, loin de s'individualiser, tend au contraire à s'universaliser. La puissance du verbe permet d'étendre l'expérience dans un espace-temps qui ne connaît plus de limites, un espace-temps perpétuel. C'est en cela que la poésie de Mathieu Brosseau nous touche. Elle parvient à traduire les signes de l'expérience en signes éternels, dans le monde des Idées. Le poète est le traducteur de hiéroglyphes présents en chacun de nous. Le poète se place en dehors du monde parce que, par la puissance du verbe, du verbe tactile, il invente un nouveau langage. L'extraordinaire de l'entreprise est que jamais cette langue nouvelle n'exclut le lecteur. Elle l'intègre, avec lui, hors du monde, dans d'autres sphères, et le monde s'abstrait. Nous retrouvons ici des figures de L'Aquatone, premier recueil de Mathieu Brosseau mais la langue poétique de ce jeune auteur s'épure, le rythme s'affirme, cette rythmique temporelle omniprésente, obsédante.
Surfaces, Journal perpétuel est le deuxième volet d'un triptyque qui s'achèvera avec Les Aériennes. L'entreprise poétique de Mathieu Brosseau dessine un mouvement évidemment ascendant parce que la Poésie, si elle parcourt les fonds aquatiques et secrets de chacun, n'en est pas moins destinée à l'éther des cieux. C'est à la surface que s'articulent, de manière parfois presque indicible mais jamais inaudible, des mondes qui n'en forment qu'un.