La gravure sur bois au XIXe siècle
Cet ouvrage nous livre un parcours passionnant, qui commence avec les graveurs arméniens de Constantinople et s'achève avec Paul Gauguin. Deux inventions du XVIIIème siècle, la gravure sur bois debout et la lithographie, vont révolutionner l'image imprimée au siècle suivant. La plupart des peintres ou dessinateurs s'exprimeront directement sur la pierre (Delacroix, Daumier, Manet, Lautrec), mais dès qu'ils créeront des illustrations pour des livres ou des journaux, ils confieront leurs dessins à des graveurs sur bois. Ainsi, les artistes ont-ils la chance de voir leurs créations plus largement diffusées par les livres et par les magazines. Mais, hélas, l'histoire de l'édition et l'histoire de l'art n'ont que trop tendance à négliger le travail et le talent du graveur. Ce livre a le mérite d'éclairer enfin le rôle primordial des interprètes, ceux dont les mains expertes creusent les sillons dans le bloc de buis. Car c'est bien grâce à leur maîtrise que naissent au grand jour les vignettes célèbres imaginées par Tony Johannot, Grandville ou Gustave Doré. L'auteur dégage de nouvelles perspectives dans l'évolution technique et artistique de la gravure sur bois. Au-delà des frontières françaises, le sujet est élargi et relié aux pays voisins, et jusqu'en Amérique. Les échanges fréquents et fructueux imposaient un recul comparatiste, surtout par rapport à l'influence déterminante des Anglais, précurseurs et initiateurs de toute une génération de graveurs français et européens. L'étude historique de Rémi Blachon est doublée d'un Dictionnaire des graveurs tout pays confondus. A lui seul, ce Dictionnaire représente un hommage aux graveurs et constitue un instrument de recherche indispensable aux chercheurs : on n'en soulignera jamais assez la nouveauté et la nécessité. En outre, les notices et les annexes livrent de précieux compléments sur les pratiques, les enjeux et les motivations professionnelles.