Le style Louis XV
Sous Louis XV (1710 - 1774), l'aménagement intérieur connaît un changement profond. La conception de l'espace, comme celle de tous les objets d'art, est désormais soumise à des règles de confort, d'intimité que le siècle précédent ignorait. Ce goût nouveau touche tous les domaines de la création artistique : l'architecture et la distribution intérieure tout d'abord, avec des pièces plus petites, propices à l'intimité et à la confidence ; les arts décoratifs ensuite, notamment le mobilier d'ébénisterie et de menuiserie, qui invente sans cesse des formes nouvelles, légères, discrètes, et pour lesquelles le raffinement du décor répond à l'usage privé et intime. Soieries de Lyon, tapisseries des Gobelins ou de Beauvais, tapis de la Savonnerie, porcelaines de Vincennes ou de Sèvres, glaces de Saint-Gobain décorent les intérieurs déjà ornés de ces boiseries mises à la mode par Louis XV. Le style Louis XV s'ouvre avec ce que les historiens se sont accordés à appeler le rocaille, qui n'est cependant que le développement logique de la Régence. Ce rocaille symétrisé aboutit au plus pur style Louis XV, tout en nuances, en équilibre et en élégance. Cette réaction, intellectuelle, au désordre du rocaille conduit rapidement les créateurs à un style qui, sans rien renier de l'ancien, introduit des éléments résolument classiques, qui lui valent l'épithète de "rocaille symétrisé classicisant". Réaction conservatrice, mais encore nuancée, et que l'on s'accorde à dater des années 1753 à 1760. Le mouvement se durcit rapidement et, parallèlement au style rocaille symétrisé classicisant, se développe une tendance classique plus dure qui donne naissance à deux courants : le "classicisme outrancier", de 1754 à 1759, puis le style "à la grecque", de 1760 à 1765. Ces styles réactionnaires restent cependant bien délimités. Puis, pendant 10 ans, de 1765 à 1775, dans le domaine des arts décoratifs tout au moins, on glisse tout doucement vers un style résolument nouveau, le Louis XVI. Dans tous les domaines, l'art Louis XV est bien celui de la perfection française.