Pierre Garnier
Ce grand ébéniste du XVIIIe siècle, dont la production s'étale sur plus de cinquante ans, illustre l'évolution des styles, de la rocaille au néoclassicisme. D'ailleurs, fait exceptionnel, sa réputation était si grande qu'elle survivra à la période révolutionnaire. Grâce à son incontestable talent et à sa faculté d'adaptation aux fluctuations du goût, Pierre Garnier comptera parmi sa clientèle de très riches personnages du royaume qui lui passeront d'importantes commandes : le receveur des Finances Germain Baron, le marquis de Contades, la duchesse de Mazarin, et surtout le marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments Durant sa période Louis XV, s'il semble peu utiliser les marqueteries de fleurs, Garnier apprécie en revanche les marqueteries géométriques de losanges, de croisillons, ainsi que les placages en feuilles diversement disposés. Ces placages sont parfois compartimentés, comme en « surimpression », par des encadrements très sinueux et très entrelacés.
Mais avec Leleu, Oeben, Montigny, Riesener, Garnier reste surtout un des promoteurs et un des maîtres les plus originaux du style « à la grecque u, première étape du retour à l'antique désigné globalement aujourd'hui sous le nom de style Louis XVI. Formes puissantes, emprunts constants à l'architecture, décor assez somptueux mais surtout d'une grande rigueur : on retrouve tous ces éléments dans l'oeuvre néoclassique de Garnier. Avec les pilastres à larges cannelures qui constituent presque une « marque de fabrique » de Garnier et concurremment ou non avec eux, un autre élément peut passer pour une sorte d'exclusivité de l'ébéniste : les pieds toupies en forme de vis, en bronze doré.