Charles Topino : Circa 1742-1803
Sixième volume de la prestigieuse collection "Les Cahiers du Mobilier" dont la renommée fait aujourd'hui autorité au sein de l'Université française et dans les milieux du marché de l'art, ce livre consacré à l'ébéniste Charles Topino se distingue, lui aussi, par sa rigueur et par la richesse de sa documentation souvent inédite. Etabli à Paris dès 1745, Topino travailla longtemps comme ouvrier libre dans le faubourg Saint-Antoine. Sa réputation, nationale et internationale lui attire une importante clientèle faite de marchands-merciers et de confrères ébénistes. Topino était capable de produire de l'excellente marqueterie. Sa créativité la plus étonnante s'est exprimée dans les motifs d'ustensiles dont certains meubles ne font que souligner l'ambition décorative. Mais d'autres décors, floraux ou d'architecture, prouvent la diversité de son talent. Son audace commerciale s'est par ailleurs manifestée dans la conception d'un vaste réseau de distributeurs et dans la vente de marqueteries prêtes à l'emploi. Autant de qualités qui lui sont personnelles, mais auxquelles il convient d'ajouter, sans forcer le trait, une personnalité originale et séduisante. Si Topino ne figure pas parmi les plus grands ébénistes de la seconde moitié du siècle, il n'en demeure pas moins une figure singulière. D'ailleurs, son charme a opéré et son nom s'est imposé dès la fin du XIXème siècle lorsque, sous la plume de quelques amateurs, les arts du siècle des Lumières sont sortis de l'ombre. Les collectionneurs l'ont alors considéré comme faisant naturellement partie des artisans les plus intéressants de l'ébénisterie parisienne. Ainsi, ses meubles n'ont pas échappé à l'oeil de Richard Wallace ou d'Edouard André, ni à celui de Moïse de Camondo à qui il convient de rendre un hommage particulier. En effet, mécène généreux et collectionneur avisé, sa collection ne comprend pas moins de quatre meubles estampillés. Au XXème siècle, les collections Dutasta, de Polès, Heidelbach, Rothschild, Rockefeller ou Dodge ont également réservé une place de choix aux meubles de Topino. Aujourd'hui, de nombreux musées, tels que ceux du Louvre et du Metropolitan Museum de New York, l'exposent à leur tour.