Edouard André : Un homme, une famille, une collection
Edouard André (1833 - 1894), qui voit le jour dans une famille de banquiers protestants, à la tête d'une des plus grosses fortunes du second Empire, n'est plus guère connu aujourd'hui que par le musée parisien auquel il a donné son nom, en association avec celui de sa femme : Jacquemart-André. Dandy mais philanthrope, familier des cercles parisiens mais député attentif à la circonscription lointaine et déshéritée qui lui échut ; collectionneur mondain, peut-être, mais président très actif de l'Union centrale des Arts décoratifs et propriétaire désintéressé de la Gazette des Beaux-Arts ; châtelain fastueux, mais aussi l'un des fondateurs de l'Ecole libre des Sciences politiques quand il était impératif de construire et de former de nouvelles élites au lendemain des désastres de 1870-1871, Edouard André fut tout cela et plus encore. Ce n'est que relativement tardivement, après la guerre de 1870, que se développe son intérêt pour l'art, mais il adopte rapidement, sous l'influence notoire de la peintre Nélie Jacquemart, qui deviendra sa femme en 1881 et l'orientera vers les primitifs italiens, un point de vue original. Au sein de son hôtel, qu'il fait construire spécialement, leurs collections sont en effet présentées dans des period-rooms qui associent étroitement peintures, sculptures, mobilier et objets d'art. Pour retracer ce que fut l'histoire de sa famille, à laquelle il est fait ici une large place, Virginie Monnier a cherché, à travers ses Journaux et Grands Livres, soigneusement tenus, ce qu'avait été son éducation et d'où lui venaient la fortune dont il avait hérité encore enfant et son intérêt pour l'art. Elle a analysé ses dépenses, son train de vie, et fait beaucoup de découvertes...