Signe particulier endurance
Eté 1956. Suez, l'Algérie, le pacte de Varsovie. Dalida chante "Bambino", Vadim crée le mythe Bardot, Walkowiak gagne le Tour à la surprise générale, l'Aronde Simca est la reine de l'asphalte, Robert Dhéry triomphe avec ses Branquignols. L'humour et la fantaisie peinent pourtant à percer cette période de plomb où le pays continue de gratter ses plaies. La vie culturelle française semble soudain s'être déplacée dans la petite cité de Vence accrochée à l'arrière-pays niçois. L'air y est exceptionnellement pur et tonique. Les sanatoriums y fleurissent comme les mimosas. On y croise des ombres qui toussent et des destins exténués. Louis Lecoin, irréductible lanterne noire, côtoie Albert Paraz, sulfureux homme des cavernes. Henri Calet promène sa grâce chiffonnée. Chacun évoque D.H. Lawrence, Guérin, Gadenne ou Delteil. À l'ombre des oliviers, cette cohorte de "désemparés" s'organise dans un univers de réclusion. A l'ombre des oliviers, les mots de Prévert ensorcellent les terrasses des cafés, Cendrars sirote son anisette et Célestin Freinet peine à faire admettre sa pédagogie. Et puis, il y a Aurélien, quinze ans, en pleine fêlure familiale, qui vient de subir un premier pneumothorax et qui commence son apprentissage du métier de vivre.