Le délire logique
Malraux resta toujours fidèle à sa première impression. Le Délire logique, qui se donne pourtant comme un roman, était bien, pour lui, "le premier témoignage sur la Gestapo où l'auteur ne romance pas". Paul Nothomb raconte ici l'histoire d'un homme qui, torturé par la police militaire allemande pendant la guerre, commence par résister aux coups, puis finit par comprendre dans la nuit de sa cellule qu'il ne pourra bientôt éviter de "parler", et invente pour ses bourreaux une fable si délirante et si logique qu'elle lui vaudra d'échapper à leurs tourments. L'auteur à l'époque avait vécu une aventure presque semblable et l'avait fait savoir. On ne le lui avait pas pardonné : il était peut-être permis de parler sous la torture (surtout si c'était pour sauver les copains), non de raconter qu'on l'avait fait. Un grand demi-siècle après, il a voulu remettre au jour ce texte (publié en 1948 par Gallimard), accompagné ici d'un nouvel appareil de présentation - et de trois lettres inédites d'André Malraux. "Pour en finir avec quelques mensonges pieux qui empoisonnent notre histoire."