Le Bruit du temps
« Je commence ce nouveau livre de l'Europe et la Profondeur avec pour seul viatique le titre de ce Bruit du temps qui pourtant, dans la mesure où il désigne la « chose » à la fois la plus banale et la plus mystérieuse : l'élément dans lequel, tant que nous demeurons ces vivants et ces humains, nous ne cessons jamais de baigner, devrait suffire. Il s'agit ici et encore une fois de faire confiance aux mots et, en un tel abandon de nos « disantes » personnes à leur mouvement, de les laisser nous entraîner là où de toute façon, en un mode, selon, « confiant » ou regimbant, nous ne pourrons faire autrement, à partir d'un moment, que de parvenir – je veux dire : à la source de la pensée qui, depuis le début, inspire et sous-tend de sa dimension toujours « questionnante » l'écriture de cette Profondeur ; et qu'est-ce qui peut arriver de mieux à un auteur comme à son lecteur que de partager une telle aventure au pays des mots et de la pensée la plus a-byssale ? Par quoi, la rédaction sans pré-méditation de quelque chose comme un ouvrage intitulé Le Bruit du temps devrait, à condition que, en ce voyage, nous acceptions de nous déshabituer de tout, nous entraîner très loin de ce qui constitue nos calmes certitudes et autres ordinaires catégories de pensée. […] »