Les grands ensembles : Une histoire qui continue...
Parmi les formes urbaines qui ont été mobilisées pour produire de la ville, il y en a peu qui aient si brutalement modifié les paysages urbains et autant suscité de réactions et d'écrits contradictoires. En fait, si on a beaucoup écrit sur les grands ensembles ce fut le plus souvent en fonction de perceptions passagères, soumises aux conjonctures et aux humeurs du moment. Autant dire que, même si la plupart des auteurs reconnaissent qu'une partie du XXe siècle (les années 1950 et 1960) peut à juste titre être qualifiée en France d'ère des grands ensembles, on tes connaît mal car ce n'est le plus souvent qu'au travers de clichés. Ce livre prétend bousculer quelque peu les idées toutes faites qui courent encore sur les grands ensembles et qui ont conduit à leur appliquer une politique dite de la ville qui a surtout contribué à les rejeter un peu plus en dehors de la ville. Les auteurs ont d'abord recouru de manière conjointe aux méthodes de diverses disciplines qui ont malheureusement souvent le tort de travailler séparément : l'histoire, l'architecture, l'urbanisme, la géographie et la sociologie. Ils ont ensuite croisé les analyses générales et comparatives avec des monographies concrètes à l'occasion desquelles ils se sont efforcés de mettre en évidence les stratégies des acteurs sociaux en fonction de conjonctures mouvantes. Leur objectif c'est de montrer que les grands ensembles n'ont pas été faits pour tes pauvres, qu'ils sont plus divers qu'on ne le croit, que leur évolution récente n'est surtout pas uniforme et que leur histoire est loin d'être terminée. Il est temps, en fait, d'en finir avec les clichés, en admettant par exemple qu'il n'est pas contradictoire de procéder à la démolition, partielle ou totale, de certains d'entre eux tout en envisageant la patrimonialisation de certains autres.