Chine, construire l'héritage
Savons-nous que la Chine cherche à se réapproprier sa richesse culturelle, alors qu'elle a engagé une éradication massive des traces construites de son passé, afin d'entrer dans une modernité d'une ampleur sans précédent ? Des "modèles" immobiliers inscrits dans des plannings contraints, associant partenaires publics et privés dans le montage financier, sont appliqués dans tout le pays. La mixité sociale et la mixité d'usage d'un grand nombre d'anciens quartiers ont été détruits, et pourtant, en rupture ou en réaction, la Chine est devenue un véritable laboratoire d'expérimentation architecturale et urbaine mené par une nouvelle génération d'architectes. Leurs travaux sont précieux pour comprendre ces évolutions dont nous sommes les témoins. Ils savent puiser dans leur histoire pour dessiner les lieux de vie, des urbains et des ruraux, du domestique au public, du collectif à l'individuel, du ludique au labeur, du culturel à l'artisanat, du social au commerce. Engagées, leurs réalisations sont nourries des vertus opératoires de la pensée traditionnelle qui exploite les capacités de l'architecture à convoquer l'art, l'usage, et la technique. Ainsi, au croisement de l'architecture et de la ville, ces principes réhabilitent parfois des éléments fondamentaux de l'architecture chinoise, ou s'en inspirent. Ils forcent ainsi à une relecture d'une culture souvent mal connue, volontairement ou par ignorance, et posent la question de l'héritage. 62 projets réalisés en Chine par 24 architectes et urbanistes chinois au cours des dix dernières années témoignent ici de ce climat ouvert et expérimental.