L'Argentier du roi
Jacques Cœur était le fils d'un fourreur de Bourges. Il devient au XVe siècle l'homme le plus riche du royaume et l'un de ses plus puissants personnages quand la France, en partie occupée par les Anglais, est divisée par la lutte entre Armagnacs et Bourguignons, ravagée par les " écorcheurs ", malmenée par les princes que la guerre et la folie du luxe ont souvent ruinés, et gouvernée par un " petit roi " sans capitale, exilé sur ses terres du Berry. Lassé de son entourage inefficace, le souverain appelle à ses côtés plusieurs bourgeois dont ce marchand à l'insolente réussite.
Il en fait son conseiller, son maître des monnaies, son argentier, son commissaire aux Etats du Languedoc, son visiteur général des gabelles et son ambassadeur pour des missions délicates. Anobli, Jacques Cœur, au sommet de sa réussite, fait construire à Bourges un palais qui affirme sa fortune. Mais l'argentier trop fastueux provoque la jalousie des grands seigneurs qui sont ses débiteurs, et des marchands du Languedoc qu'il concurrence trop rudement. Un complot se noue, qui l'abat au moment où meurt sa protectrice, la belle Agnès Sorel. A une époque où la grande richesse côtoie impudemment la misère - non sans quelque similitude avec la nôtre -, la roue de la Fortune tourne brutalement pour ce voyageur inlassable, entrepreneur habile et cynique, attaché à son roi qu'il admire et sert avec dévouement mais vole avec non moins de zèle. Argent, pouvoir, gloire, disgrâce, exil : de tous les ingrédients offerts par cette vie hors du commun, Henri de Grandmaison a su faire un grand roman historique.