Les Armées
Perché dans un oranger de son jardin, Ismael regarde sa jolie voisine prendre un bain de soleil de l'autre côté du mur. Ismael a toujours aimé regarder les femmes, Otilia son épouse pense que c'est une honte, un instituteur à la retraite ne doit pas devenir un vieux voyeur.
San José était une jolie petite ville colombienne avant que des gens ne commencent à disparaître et que des hommes en armes que personne ne peut identifier ne patrouillent dans les rues et se battent sur les places. L'atmosphère du village se dégrade et Ismael perd confiance dans ses capacités.
Un matin au retour de sa promenade il apprend que ses voisins ont été enlevés et qu'Otilia, inquiète, est partie à sa recherche dans le village. Les habitants s'enfuient mais il décide de rester pour attendre Otilia.
Evelio Rosero nous montre le monde du point de vue du vieil instituteur dont la stabilité mentale s'effondre lorsque le village est dévasté, il nous donne à voir ce qu'est la violence arbitraire et irrationnelle exercée sur des otages anonymes par la guérilla colombienne.
Mais Rosero aborde ce thème usé de façon radicalement différente. Parce que le narrateur est un vieillard et le cadre des ruines, le style est hésitant, syncopé, toujours au bord de l'hésitation. Au lieu de raconter la dégradation et la violence, l'auteur compose un roman dégradé et violent.
Ce livre à reçu le premier prix Tusquets à Guadalajara en 2006, dont le jury était présidé par Alberto Manguel.