À tous et à personne
On retrouve Giorgia Cantini, l’enquêtrice bolognaise gaiement dépressive avec son surpoids revendiqué, son goût pour l’alcool et le rock des bonnes années, dont on avait suivi les mésaventures dans Quo Vadis, Baby ? et dans Vite et nulle part. A peine a-t-elle le temps de rompre avec un fort jeune amoureux qu’elle doit mener de front deux enquêtes. L’une sur la mort tragique, bien des années auparavant, de cette jeune fille aux crapauds dont les mœurs libres nourrissaient les fantasmes d’une bande de jeunes que fréquentait Giorgia. L’autre, sur la disparition d’une lycéenne sans histoire. Tandis qu’une piste va ramener l’enquêtrice dans les zones d’ombre de sa propre jeunesse, l’autre la confrontera au phénomène très contemporain de l’occultation quotidienne des violences faites aux femmes. Mais, finalement, les deux enquêtes ne seraient-elles pas liées par des liens souterrains ?
Avec cette ironie mélancolique qui n’appartient qu’à elle, Grazia Verasani, chanteuse rock et auteur reconnue, réussit une fois encore à nous rendre profondément attachante son héroïne et à nous entraîner à sa suite dans cette Bologne des petites gens, avec ses bistrots d’habitués, ses squares et ses ruelles pluvieuses, qui est comme l’envers un peu miteux mais tellement humain de la péninsule ensoleillée.