La part en trop
On plante un mot et il pousse un oiseau
Inventer le feu de toutes pièces
Une fois encore, c’est comme si tout recommençait à zéro, au premier mot, au premier geste de l’écriture tentant de faire incursion sur la page encore vide. Comme si écrire n’avait pas de passé, pas d’expérience, et qu’il faille en inventer et la possibilité et les formes.
Et pourtant ce n’est pas la première aurore. Le monde n’en est pas à ses balbutiements. Il pèse sur l’attente des mots de tout son poids d’histoire, d’événements. Il y a eu des hommes. Il y a eu des villes. Il y a eu des livres aussi, des films, des images. Surtout : il y a eu un siècle, et dans ce siècle une bataille. Perdue ? Gagnée ? Pour l’heure, nul ne le sait. Pas même l’homme qui face à tout cela – les monuments, les ruines, les visages et les chants – prend le risque de réinventer l’écriture.