Les Fins Fonds
Ce sont deux récits qu'on a réunis sous ce titre. Non: plutôt une nouvelle (La fin du monde) et La Creuse, histoire dont les proportions ramassées suggèrent l'expression « roman de poche ».
Mais alors les « fins fonds » de quoi? D'un cataclysme annihilant tout à coup nos prodigieux moyens de circuler et de communiquer? C'est ce que semble évoquer la nouvelle, avec ses quatre personnages échoués dans un hameau mal situable (un peu ésotérique, un peu disco) et d'où - le temps de se jouer un petit vaudeville et de monter un complot trois d'entre eux fuiront (pour quel autre fin fond imprévisible), abandonnant le narrateur au sentiment de plus en plus agréable d'être pour sa part arrivé. Mais le fin fond peut se trouver aussi (témoin La Creuse) au cœur d'une de nos belles provinces, entre des vignobles réputés et une grosse colline d'où, à l'aube, on peut s'envoler comme un ange sous l’œil à peine étonné des copains. Façon de résoudre une louche intrigue cadastrale (au détriment de deux hommes des bois), et de surmonter une rivalité amoureuse posthume (mais est-ce Tom qui s'envole, ou herbier?). Ainsi différents par leur cadre, la nature de leurs personnages et leur mode de narration, ces deux récits se rattachent-ils au climat et au ton particulier à l'auteur du Lit de la reine ou de L'Herbe des talus, empruntant à présent les chemins de l'imaginaire.