Quarante roses
Chaque année, Marie reçoit un bouquet de quarante roses que Max, son mari, lui envoie pour son anniversaire : selon un rituel immuable, il lui fête ainsi ses quarante ans comme si le temps ne passait pas. Cette vaine tentative d'arrêter le temps ne fait pourtant que souligner davantage la fuite des ans et l'impos- sibilité où se trouve Marie de répondre à l'exi- gence exorbitante que lui impose son mari, celle de rester éternellement jeune.
Depuis longtemps, elle ressent cette céré- monie comme une cruelle comédie, mais elle s'impose une discipline qui peut se résumer en une phrase qu'elle a retenue de sa mère : On a du style. Elle maintient ainsi une respectabilité de façade, alors qu'autour d'elle et à l'intérieur d'elle-même, tout s'écroule.
Issue d'une dynastie de grands couturiers dont le fondateur est un tailleur juif venu de Galicie, Marie Minet assiste au déclin du monde dans lequel elle a grandi. La Première Guerre mondiale a mis fin à l'époque fastueuse des bals mondains.
Mais la véritable catastrophe se prépare avec la montée en puissance des nazis qui éveillent en Suisse d'inquiétantes sympathies.
Quarante roses, qui s'inspire de faits empruntés à l'histoire de la famille de l'auteur, tient à la force de la narration et à l'inoubliable portrait de femme que le lecteur garde longtemps en mémoire, une fois le livre refermé.