Les rêves et leur interprétation dans le Talmud
Depuis l'aube de l'humanité, le phénomène des rêves a suscité la curiosité des plus avertis. Dans la Bible, on distingue déjà entre : les rêves prémonitoires (Abraham), les rêves de protection (Jacob) ou de désignation (Salomon), les rêves de mise en garde (Laban). Tandis que le prophète Zacharie clame que « les songes disent des choses vaines », le moraliste Ben Sira affirme que « rêves ou visions, ce n'est que voir ton propre visage dans un miroir - ton coeur te fait voir tes désirs en vérité ».
Cette étude sur les rêves parut à Vienne en 1923 dans les Monumenta talmudica, revue savante et oecuménique prestigieuse. Alexander Kristianpoller s'y attache de manière très didactique à la difficile question du statut des rêves dans le Talmud. Son mérite immense est d'avoir montré, à travers les textes, combien la société juive, même pharisienne, a été poreuse au monde gréco-romain, à ses superstitions comme à sa culture. Les savants talmudistes n'ont pas rejeté le savoir gréco-romain puisqu'ils en ont pris acte et qu'ils l'ont traité (Aristote, Hérodote, Plutarque et Artémidore, l'auteur de L'Onirologie sont notamment cités dans l'ouvrage), ils ne se sont pas non plus montrés insensibles aux croyances populaires de la culture environnante, puisqu'ils en ont intégré les formes dans leur discours.
L'un des aspects les plus novateurs de cette étude est la prise en compte et l'examen des rêves anxiogènes, de ceux qui, sans être des cauchemars, laissent un sentiment de malaise dû à l'incompréhension qu'ils suscitent. Le rêveur inquiet peut trouver réconfort auprès de trois hommes en mesure de déclarer que « tout est bien, donc tout ira bien ». La parole efficace, l'interprétation du « mieux possible », plus qu'une élucidation, voilà peut-être, pour un talmudiste éclairé, « la clé des songes ».
L'ouvrage s'adresse autant à un large public qu'aux philosophes, psychanalystes, historiens, écrivains.