Mikio Naruse
Des grands maîtres du cinéma japonais comme Ozu, Mizoguchi, Kurosawa, c'est Mikio Naruse qui reste à ce jour le moins connu du public occidental. Pourtant Ma femme, sois comme une rose, fut élu meilleur film de l'année au japon en 1935, et le premier film parlant japonais distribué aux USA ; pourtant encore, La Mère, sorti en France en 1954, a toujours été répertorié dans les catalogues des ciné-clubs comme l'un des fleurons du cinéma japonais. Mais il faudra attendre les années 8o pour voir reconnu Naruse comme un grand auteur, et une rétrospective à la Cinémathèque française en 2001, pour voir le cinéaste définitivement consacré. Il réalise ses premiers films - muets - en 1930 pour la major company japonaise la Shochiku, et sa carrière prolifique se termine en 1967 avec Nuages épars (il travaille alors pour l'autre grande major company, la Toho). Nuages flottants, son film aujourd'hui le plus connu, est l'un de ses six films adaptés des livres de la célèbre romancière Fumiko Hayashi, avec l'œuvre de laquelle il entretient une véritable complicité. L'auteur nous permet non seulement de resituer Mikio Naruse dans le cinéma japonais, et particulièrement par rapport à Ozu auquel il fut souvent comparé, mais plus globalement dans l'histoire du cinéma mondial, en construisant des ponts audacieux avec des cinéastes comme Dreyer, Bergman, Antonioni, Truffaut. Pour mieux analyser son style et sa mise en scène, Jean Narboni nous entraîne sur les pas de Tchékhov pour l'éthique de ses personnages, et de Schubert pour son tempo : " Le naturel comme qualité de la forme, la sensation du temps comme de ce qui ne cesse de passer, résultant d'un art du récit si peu voyant qu'on l'a longtemps tenu pour facile : c'est à ces deux constantes que son cinéma doit sa continuité et sa tenue. A entendre musicalement et moralement. Par cet ouvrage, et à l'encontre des idées reçues, Jean Narboni restitue à Mikio Naruse la place qui lui est due, auprès des plus grands cinéastes du XXe siècle.