HIROSHIMA mon AMOUR
Des corps de pierres, des corps en cendres, des corps en feu, des corps en sueur... Une voix venue de nulle part qui récite : « Tu n'as rien vu à Hiroshima. Rien »... Hiroshima mon amour vient de commencer et immédiatement, quelque chose semble avoir changé. Dès son ouverture, le premier long métrage d'Alain Resnais se place sous le signe de l'entrelacement et de la fusion. Fusion de corps martyrs, brûlés par la chaleur et les radiations, et de corps lumineux, brûlés par la passion amoureuse, fusion d'une tragédie de la grande Histoire et d'une petite histoire « de quatre sous », fusion d'images qui s'enlacent en de longs fondus enchaînés...
A la sortie d'Hiroshima mon amour en juin 1959, admirateurs et détracteurs se rejoignent sur un point : la nouveauté du ton cinématographique et littéraire inventé par Alain Resnais et Marguerite Duras. Lors d'une table ronde publiée dans Les Cahiers du Cinéma, Jean-Luc Godard évoque un film « qu'on était dans l'incapacité de prévoir par rapport à ce que l'on savait déjà du cinéma », tandis qu'Eric Rohmer décrit Resnais comme « le premier cinéaste moderne du cinéma parlant ». Imprévisible, novateur, précurseur, Hiroshima mon amour ouvre une nouvelle brèche, creuse une voie inédite dans le cinéma mondial, lequel ne semble dès lors plus pouvoir se concevoir comme avant. A l'aube des années 60, Hiroshima mon amour est ainsi l'un des grands films charnières de l'Histoire du cinéma, à la croisée d'un certain cinéma dit classique, et d'une modernité cinématographique dont Resnais sera l'un des représentants les plus emblématiques.
Hiroshima mon amour est au programme de l'option cinéma du bac 2008.