Pedro Almodovar
Au moment où le monde entier le découvre à la fin des années quatre-vingt et fait un triomphe à Femmes au bord de la crise de nerfs, Pedro Almodovar a déjà réalisé sept films, qui n'ont pas laissé les Espagnols indifférents. Chanteur de rock travesti sur scène, réalisateur de films underground en Super 8, auteur de romans-photos, écrivain, il est l'une des figures de la Movida madrilène dans une Espagne qui change à toute vitesse à la sortie du franquisme. Ses premiers films, Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier, Le Labyrinthe des passions, déjantés, sont produits hors de tout système, mais on y trouve déjà ses thèmes favoris, comme celui de la " mauvaise mère ", qui hante Talons aiguilles, du sexe perverti, sujet de Matador, de Attache-moi ! ou encore de La Mauvaise Education. Il écrit lui-même des scénarios provocateurs autour de personnages féminins baroques, obsessionnels, mais follement séduisants. De film en film, il s'attache une tribu d'artistes, de techniciens et surtout les meilleurs acteurs - Antonio Banderas, Gael Garcia Bernai - et actrices - Carmen Maura, Victoria Abril, Marisa Paredes, Penélope Cruz. Son enfance dans la Manche, cette région misérable de l'Espagne des années cinquante, marque ses films jusqu'au récent Volver, et donne la mesure du chemin qu'il a parcouru. Sans craindre d'afficher ses références cinéphiles au burlesque ou au film noir, il est devenu l'un des réalisateurs les plus sensibles aux pulsations du monde contemporain.