Revivre après : L'impossible oubli de la déportation
La tragédie de la déportation ne s'achève pas toujours avec la libération des camps. Derrière les barbelés et les miradors vides où des quarantaines sanitaires imposées par leurs libérateurs impuissants les consignent, des corps minés par là dysenterie et le typhus continuent de mourir. Tous les rapatriés ne survivront pas. au choc émotionnel du retour. Pour la plupart des autres, à 'hospitalisation succédera une convalescence plus ou moins longue, prélude à une réinsertion difficile lorsqu'elle ne sera pas impossible. A titre d'exemple, sur les quelque 1 700 déportés du convoi des Tatoués du 27 avril 1944, 833 seulement retrouveront leur foyer et moins de 600 y survivront durablement. Dans les années 1945 on avait coutume de dire que nul n'était sorti des camps de la mort tel qu'il y était entré. On peut conclure aujourd'hui que la déportation a brisé bien des vies qui n'ont jamais pu jouir pleinement d'une liberté chèrement gagnée, des vies sans cesse repliées sur elles-mêmes, toujours à la recherche d'un passé révolu.