Dire ou taire en Sicile

On a trop reproché aux paysans du sud de l'Europe leur passivité et leur manque de sophistication. Mais qu'en est-il vraiment ? Ce livre tente d'illustrer, par maints exemples puisés en Italie et surtout en Sicile, qu'il n'en est rien. L'auteur insiste sur le fait qu'en réalité on décèle, dans le comportement de ces paysans vis-à-vis de la parole, une véritable stratégie qui peut être facilement analysée. Ainsi, dans ce système, dire ou taire ne sont plus des comportements qui s'opposent ou se contredisent, mais bel et bien des choix stratégiques de la part du locuteur pour atteindre son but. Cela est démontré dans les différents chapitres à travers des études de cas minutieusement étayées : l'emploi des métaphores ; les différentes formes de l'omertà à l'intérieur ou à l'extérieur de la mafia ; l'importance de la glossolalie parmi les nouveaux convertis au pentecôtisme ; les décharges de conscience dictées par les condamnés à mort la veille de leur exécution ; le recours à la poésie comme seule forme possible de protestation ; et la dénonciation en tant qu'ultime recours. Ces choix se chargent d'un sens bien différent au fur et à mesure du dévoilement de la parole des paysans.