Il y eut d'abord le chant des oiseaux
Parole de fusillé, de miraculé : «Il y eut d'abord le chant des oiseaux, le chuintement du vent dans les branches», comme il le dit ici même à Simone Veil. Avec ses camarades, Lucien Neuwirth avait été capturé par une patrouille allemande. Ils sont collés à un mur, ils sont mitraillés. Or lui se relève. Il se rend compte qu'il n'est que légèrement blessé. Des pièces de monnaie qu'il avait sur lui par hasard ont dévié les balles...
On est en avril 1945. Il a vingt ans. Il s'est engagé dans la Résistance dès juin 1940 et, en 1942, il a rejoint à Londres les Forces Françaises Libres. Parachuté en Bretagne, il attaque des convois allemands dans le Cher, puis gagne les Ardennes où fait rage la dernière grande offensive du Reich, et enfin la Hollande où il frôle la mort. Bien qu'il soit écrit sur un ton inimitable de simplicité, de modestie, d'oubli de soi, ce récit constitue une extraordinaire épopée.
Après la guerre, Lucien Neuwirth a mené d'autres batailles, en particulier pour la contraception qu'il est parvenu à faire admettre en 1967, ayant l'oreille du Général de Gaulle. Et il s'est naturellement retrouvé, dans la lutte pour la libéralisation de l'avortement, aux côtés de Simone Veil.