Corneille
Editeur : Pardès
Le Corneille (Fayard, 1938) de Robert Brasillach a pour origine une série de conférences préparées pour le cercle «Rive gauche» et qui eurent lieu, accompagnées de représentations de différentes scènes, à la Salle des sociétés savantes du 4 au 25 février 1938. Brasillach y a replacé l'auteur du Cid dans la cour des très grands dramaturges français, où Racine occupait jusqu'alors une place certes justifiée, mais trop exclusive. Brasillach a d'abord voulu rendre hommage au fondateur de notre théâtre tragique et comique. Mais, bien loin de sculpter dans le marbre un auteur jugé souvent sentencieux et conventionnel, il en a montré la jeunesse et l'incroyable créativité, déduisant de la diversité de son génie que Pierre Corneille avait été rien moins que «notre Shakespeare». Et, mieux encore, il a réussi à nous faire pénétrer dans l'intimité d'un homme complexe et discret, qui n!a pas seulement écrit pour le théâtre. Quatre-vingts ans après, tous ceux dont la piété filiale inclut Robert Brasillach trouveront aussi, dans ce qui est bien plus qu!un brillant exercice de critique littéraire, un précieux témoignage sur lui-même. Non qu'il se campe en héros cornélien: au contraire, il démonte le mécanisme de ce prototype et en marque les limites. Passionné de mise en scène, il propose d'étonnantes transpositions des oeuvres de Corneille dans la modernité, car un dramaturge est fait pour être joué. Qu'il s agisse d explorer le système dramatique de Corneille, de dérouler le fil de sa «carrière» longue et contrastée ou de nous initier à la profondeur de sa spiritualité, Brasillach développe d'admirables qualités de sympathie et d'investigation, en même temps qu'il nous restitue l atmosphère d une époque complexe de notre histoire, entre les règnes de Louis XIII et Louis XIV. Il en résulte que son Corneille, tout nourri qu il soit d un des pères fondateurs de notre littérature, fait partie intégrante de son oeuvre, et en constitue même un des plus beaux fleurons.