Chez qui habitons nous ?
"Chez qui habitons-nous ?" Si on y réfléchit un peu, si on la laisse prendre son espace, cette question nous entraîne assez rapidement très loin. Provoqués par celui d'entre eux qui ne cesse de la poser, les personnages de ce livre vont essayer qui d'y répondre, qui de s'y dérober. Car, posée avec insistance, elle ne peut laisser personne indifférent. Si elle évoque, pour commencer, le problème des SDF, elle déborde rapidement et s'insinue dans toutes les sphères de la vie : privée comme sociale, professionnelle, intellectuelle, amoureuse. Elle touche à la politique, à la morale, à notre identité. Et c'est ce qui se passe dans ce livre, entre les personnages mis à mal de ce livre, intellectuels de bonne volonté, plutôt sympathiques, mais plongés dans leurs contradictions et les limites de leur bonne conscience. La bonne conscience... Elle est encore ici, après" Le Procès de Jean-Marie Le Pen, le sujet de Mathieu Lindon. Il excelle à la montrer, idiote et ronde, contente mais aussitôt apeurée, immédiatement défaite dès que ses impasses sont mises en lumière. Il le fait avec cette phrase si particulière, cette syntaxe que déséquilibre une tonalité enfantine, perversement naïve, finalement ravageuse dans sa feinte modestie.