La Bible, notre exil
Ce livre est né après la parution en septembre 2001, chez Bayard, de la Bible, nouvelle traduction, écrite par une vingtaine d’auteurs contemporains au côté de spécialistes des textes et des langues bibliques. À l’écoute, à la réception des critiques, des lectures de ce travail. Ce n’est ni un essai sur la Bible et sa traduction ni un règlement de comptes. Il s’agit plutôt d’une sorte de petit journal des réflexions, des pensées suscitées par la réception de cette traduction. Il s’agit surtout de s’interroger sur les peurs entendues. Peur de perdre une langue sacrée. Peur de l’oubli. Peur de la tentative, du travail collectif, de l’ouverture. Peur de l’exil des langues et des œuvres. Peur de l’écriture elle-même, de ce que l’on pourrait lire et découvrir, et aussi peur du travail d’écriture engagé. Ce petit livre voudrait aussi proposer autre chose que la pensée patrimoniale qui se déchaîne aujourd’hui. On veut préserver, restaurer, transmettre coûte que coûte. Mais pour quels héritiers ? Dans quelle langue ? Pour faire quoi ? Pour quel monde ? On voudrait ne rien perdre de ce qui est déjà perdu. On voudrait surtout pathétiquement croire que nous possédons une langue sacrée à laquelle nous ne pourrions toucher, sans doute parce que précisément nous nous tenons aujourd’hui dans l’exil de toute langue, dans l’exil du travail de la langue. On voudrait transmettre sans travail, sans contestation, sans déplacement.