Ma catastrophe adorée
« Je tombe amoureux d'un garçon venu vers moi pour qu'on couche ensemble et qui, soudain, ne veut plus. Une histoire d'amour m'est un roman policier. Il s'avère immanquablement que rien ne s'est passé comme je croyais. Le vrai coupable est toujours un coup de théâtre et le mobile par-dessus tout. Il y a toujours un meurtre. Qui est mort pour moi et pas pour les autres ? Qui ai-je tué ? qui me tue ? Tout à coup, je m'incarne en Sherlock Holmes ou Hercule Poirot et, d'un détail d'abord indifférent, reconstruis une histoire complètement différente. "Ah, c'est pour ça que tu as fait ça." Je n'avais rien compris, je ne goûtais que le plaisir de la lecture alors que je me croyais au plus près de ma propre vie. Une histoire d'amour m'est un roman d'espionnage. L'autre est sans cesse à décrypter, il est un déséquilibre que je tâche de figer, d'où le suspense permanent, qui le premier sera traître à la relation ? Qui le premier cessera d'être un agent double, rompant l'égalité proclamée entre l'autre et soi pour revenir à une charité mieux ordonnée ? Rien n'est écrit. Les souvenirs deviennent des armes. Chaque lettre est anonyme car je ne sais jamais qui vraiment l'a écrite, tout est à interpréter. Une histoire d'amour m'est un roman de gare, un roman d'horreur, je ne sais jamais pour où je pars, avec qui. Ça tourne mal mais un cauchemar, c'est quand même un rêve. »