Mariana, Portugaise
Que Mariana Alcoforado soit ou non l'auteur des célèbres Lettres de la religieuse portugaise parues en 1669 importe finalement bien peu au regard de l'extraordinaire figure de femme qui s'en dégage, dont quelque trois siècles d'ombres et de lumières n'ont terni l'éclat, la ferveur des cris, des suppliques, des mots d'amour, ni changé le cours vertigineux de la passion. Passion tout humaine et trahie qui trouve dans ces cinq admirables lettres sa plus haute expression - et tous les mouvements contraires de l'âme y sont à jamais réunis. Il a suffi à un homme d'aujourd'hui de lire ces lettres dans une certaine solitude pour tomber amoureux de ce visage de femme et pour épouser, à travers lui, les transports et les douleurs de l'inconnue. Ni glose, ni paraphrase, cette lecture amoureuse est un chemin de croix. Les "genoux écorchés" de l'auteur prouvent qu'il est allé jusqu'au bout de la compassion. Il n'y a pas d'autres reliques.