Faubourg
la poésie c’est bon
pour les oisons les oiseux les oisifs
diasait mon père et tu ferais
mieux d’apprendre le code civil
moi j’apprenais le tango la biguine
à dire je t’aime en catalan
en croate en turc en polonais
aujourd’hui je ne dis plus jamais
je t’aime à personne en aucune
langue je suis là vieillissant
dans la bicoque du faubourg
frappée aussi d’alignement
sans doute le bonheur est-il farouche ainsi
que la brebis dont enfant tu voulais caresser la laine
en longeant l’étroit pré en pente oublié
sur le chemin de l’école maternelle, ne te
réveille pas encore et que ta main palpe cette
toison dont elle ne connaît qu’une tiédeur
confuse, les yeux clos gardent le trésor doucement
humide et recueille une dernière fois
la chanson du toucher sur tes paumes ravinées