Le grand âge
Dans une sorte de journal de ses pensées, un homme qui n'est plus jeune essaie de se représenter ce que c'est, d'être vieux. Ou plutôt de vivre cette situation de l'intérieur, tout en restant lui-même, en gardant l'âge qu'il a effectivement, quand il écrit, et en restant l'enfant étonné et cruel qu'on ne peut cesser d'être. Pour une part, il s'agit pour lui d'ima- giner, de spéculer ; pour une autre, de décrire ce qui lui apparaît des vieillards qu'il voit, qu'il fréquente, qu'il aime - et de lui-même. Dégradations physiques, lenteur nouvelle, défaillances dans l'activité mentale, désoccupation, obscurcissement : autant d'occasions paradoxales d'y voir plus clair, de regarder l'obscurité même. Pourtant, le livre ne pen- che pas du côté du vieillissement : il cherche à maintenir en service une « navette », selon l'expression de l'auteur, un aller et retour permanent entre le grand âge, et les autres âges de la vie. Nouvelle façon d'explorer, sans l'atténuer, la différence qui sépare les hommes les uns des autres, les sépare d'eux-mêmes au cours de leur vie, et donc finalement les constitue.