Et vivre Beckett ?
C'est à Tanger que Samuel Beckett (1906-1989) a passé la plupart des étés de sa vie, à partir de 1973. Et cette lettre qui lui est adressée peut se lire comme une invitation à arpenter librement les territoires mentaux d'un écrivain dont l'oeuvre tout entière questionne la condition humaine, dans une ville où s'affronte la permanence du mythe et l'envers de la réalité. C'est le sens de cette promenade, d'où naît une réflexion à bâtons rompus mêlant au parcours de l'homme son oeuvre de créateur, et son engagement de résistant.
De l'hypothétique rencontre de Beckett avec un vieux Marocain nommé Moussa émerge ainsi, en miroir, un questionnement sur la place de l'individu, le rapport au langage, et le rapport au corps, qui fondent notre humanité, mais aussi le sens des libertés individuelles, de part et d'autre de la Méditerranée, entre un Occident menacé de déshumanisation, et des pays où le statut de l'individu demeure à construire...