Berlin, un lieu de hasards

Toutes les minutes un avion traverse la chambre, frôle le crochet du gant de toilette, le train d'atterrissage passe à un cheveu du porte-savon. Au moment de se poser, dans les corridors d'atterrissage qui traversent les chambres, les avions ont été requis de faire moins de bruit. Les hôpitaux avaient porté plainte. Les avions se mettent en sourdine certes, mais c'est encore plus terrible qu'avant, ils passent en vrombissant au-dessus des têtes, des cheveux collants de sueur, ces avions en sourdine qui rasent le plafond. Ils mettent les hôpitaux hors d'eux par leur bourdonnement étouffé qui va jusqu'au silence, si bien qu'on ne les entend plus du tout, mais au premier son que l'on perçoit on tend l'oreille comme au frémissement d'un diapason ; on les entend distinctement, ils sont là, ils sont partis, ce n'est plus qu'un bourdonnement à peine, puis plus rien.