L'Homme sentimental
C'est au détour d'un rêve que naît ce roman. Le narrateur, un ténor surnommé " Le Lion de Naples ", revient quatre ans en arrière dans sa vie et s'efforce de reconstruire les relations d'un trio aperçu dans un train puis retrouvé à Madrid lors d'une répétition de l'Otello de Verdi : Manur, un banquier flamand, sa femme Natalia et Dato, le secrétaire de Manur. Cette reconstitution du trio, dans lequel le ténor finit par s'insinuer, est entrecoupée de mille petits drames qui font l'existence du chanteur d'opéra : du sparadrap qu'il colle sur ses lèvres la veille d'une première à la prostituée de passage dépêchée par le portier d'un grand hôtel. Car ce roman ne traite de " grands sentiments " que sous l'angle de la comédie. " L'Homme sentimental " n'est d'ailleurs pas celui auquel on pense. Il y a dans ce livre une " sinuosité d'Espagne " qui n'a rien de baroque et qui est l'expression d'une tradition héritée du Shandysme et de la littérature anglaise. C'est cet esprit cosmopolite, la finesse extrême de l'analyse et l'étude du burlesque qui font de Javier Marias l'un des plus impressionnants jeunes auteurs espagnols.