Waugh en Abyssinie
Il est sans doute des cas où la mauvaise humeur chronique et l'ironie récurrente d'un grand écrivain promu - correspondant de guerre - valent mieux que l'application délibérément H sérieuse - de plusieurs dizaines de journalistes. L'actualité y perd sans doute quelques scoops mais, à coup sûr, la postérité y gagne. Envoyé spécial en Abyssinie en 1935, Evelyn Waugh y part pour n couvrir » l'invasion du royaume par les troupes de Mussolini.
Il y découvre un pays que - peu de rédacteurs en chef étaient capables de trouver sur une carte », une série consternante de tracas divers et d'inconvénients climatiques, une guerre insaisissable, quelques espions mirobolants et une cour dont les fastes râpés le laissent de marbre. Parfois captivé, rarement séduit, jamais abusé par les pieuses propagandes du moment, il s'acquitte de mauvaise grâce de sa besogne de journaliste en télégraphiant quelques dépêches circonspectes. Mais il tient surtout, durant ses deux séjours (avant et après l'invasion), l'étonnant journal de voyage qu'on lira ici.
Texte savoureux, constamment réédité en Grande-Bretagne et aux États-Unis, il n'avait jamais été traduit en France. On verra qu'il n'a pas une ride.