L'inédit de New York

Octobre 1966. Premier voyage de Pasolini à New York. Enthousiasmé par le caractère résolument nouveau qui se dégage de la ville, par sa beauté fascinante, Pasolini est également subjugué par son atmosphère d'euphorie érotique. Il est en outre saisi par une sorte de ferveur morale devant l'Amérique en marche, par la découverte d'un état d'esprit démocratique, inexistant alors en Italie.
Il passera dix jours dans la mégapole, observant tout avec intensité et en absorbant chaque vision, chaque scène. Il dira à Orianna Fallaci : « On ne peut guère se faire une opinion en dix jours, c'est vrai, mais Orson Welles m'a dit une fois que pour comprendre un pays on a besoin de dix jours ou de dix ans ; parce qu'au onzième jour on s'habitue et on ne voit plus rien. »
Lorsqu'il retourne à Manhattan, en 1969, c'est dans un tout autre état d'esprit. Les trois ans qui viennent de s'écouler ont été un moment crucial, intenses pour le travail de Pasolini, pendant lequel de nombreux événements l'ont marqué et fragilisé durablement.
Durant ces trois années, l'auteur des Cendres de Gramsci traversera de nombreuses expériences, tant dans le domaine de la critique que dans celui de la création, toutes très importantes ; de l'essai au théâtre, du journalisme aux écrits polémiques et de la poésie à l'activité cinématographique, riche comme jamais.
Cet entretien inédit, donné au directeur de l'Institiut culturel italien de New York, est celui d'un homme plus que jamais habité par la création sous toutes ses formes - littérature, théâtre cinéma -, mais aussi par un questionnement politique, celui qui agita l'Italie et l'Europe des années 1970 à nos jours.