Le jardin du paradoxe : Regards sur le cirque divers à Liège
Créé à Liège en 1977 par cinq amis, Michel Antaki, Jacques Jaminon, Brigitte Kaquet, Jacques Lizène et Jean-Marie Lemaire, le Cirque Divers occupe dans le champ de l'art et de la culture une place particulièrement singulière. Concerts, performances, conférences, lectures, interventions artistiques, expositions s'y succèderont sur un rythme effréné, témoignant de l'émergence d'un art d'attitude et d'une volonté renouvelée d'abolir les frontières entre l'art et la vie. [...] [...] Ce cirque urbain et humain surgit dans le paysage artistique alors que s'essouffle la pensée de Mai 68, teintée de toutes les libérations politiques, sociales, esthétiques et de modes de vie ; il disparaîtra, " mort de fin " en 1999. Durant ces deux décennies, il sera le " Jardin du Paradoxe et du Mensonge universel ". Réaction contre la société bourgeoise, anticonformiste, mu par un esprit de liberté, il sera le lieu d'une lecture critique et féroce du monde contemporain et de la société belge. L'absurde, la provocation, l'irrévérence, la transgression, l'ironie, le grotesque, la dérision, l'insolence et la bouffonnerie sont des armes redoutables face à l'hypocrisie. Entre Rire et Tragique, le clown révèle bien des choses de la condition humaine. Ainsi, le Cirque Divers sera bouffon et fou du roi, activiste, expérimental, contestataire, une expérience unique dans le domaine de l'art, de la culture et des contre-cultures, un cabaret hydropathe où l'on sert cent sortes de bières, un laboratoire des avant-gardes et des arrière-gardes, une auberge espagnole, un formidable charivari turbulent. à sa manière, le Cirque Divers fut plus Fluxus que Fluxus, pataphysique, d'esprit Panique, mêlant les arts majeurs, mineurs et modestes, campant dans le champ des contre-cultures une attitude empreinte " d'une certaine gaieté ". Le livre plonge dans les archives de ce lieu intempestif, patrimoine désormais conservé par la Province de Liège qui en a fait l'acquisition. Se concentrant sur les domaines des arts plastiques, du théâtre, des idées sociopolitiques, de l'édition, il analyse le champ de la théâtralisation du quotidien, ces détournements ludiques imaginés par le collectif du Cirque dans une volonté de tout spectaculariser, de transcender un quotidien aliénant par une créativité permanente, cette invention de soi que l'on retrouve dans l'Eternal Network - Fête Permanente de Robert Filliou.