« Madame de... » de Max Ophuls
Pour le troisième film français de son ultime période, Max Ophuls s’empare d’un court roman de Louise de Vilmorin, l’innerve de son univers, en épanouit les possibles, en fait rayonner les motifs dans le mouvement incessant d’un jeu d’échos, de répétitions et d’écarts. La mince intrigue, articulée autour d’une paire de boucles d’oreilles en diamant, devient, par les entrelacs d’une caméra parti - culièrement fluide, une tragédie teintée d’ironie et une sourde méditation sur le désir, la vanité des existences, le vertige du temps. Au coeur de Madame de…, face à Charles Boyer et Vittorio De Sica, Danielle Darrieux, dans le rôle d’une femme futile prise au piège d’une passion amoureuse à laquelle rien ne l’avait préparée, déploie, avec une sensibilité inégalée, une vaste palette d’émotions. Sorti en septembre 1953, Madame de… a vu grossir le rang de ses admirateurs au fil des ans et est, à juste titre, maintenant régulièrement classé dans le palmarès des plus beaux films du monde.