L'humanité de Bruno Dumont: Les cinq premières minutes
Les mots du roman, les espaces et les temps du livre laissent loisir au lecteur de postuler à son rythme l'intériorité des êtres et la vie secrète des choses et des paysages. Mais le cinéma n'ouvre à l'impalpable et à l'invisible que par des corps d'acteurs dans un monde construit par des machines optiques et leurs servants, pour les contraintes d'une séance. C'est de son impureté même que, dans l'éphémère retrait d'un lieu profane et la durée d'une représentation, il tire son irremplaçable puissance à illuminer et animer autrement tous les autres arts. Les peintres y deviennent chorégraphes et les musiciens sculpteurs du temps.
L'hypothèse de L'humanité est dans son titre : l'humanité minuscule aux prises dès l'origine du monde avec le mal, mais armée de ses invincibles petites bontés. Mieux qu'un générique, ses cinq premières minutes déterminent son engendrement. J'arrive, dit-il. Rédigés par Bruno Dumont, son synopsis en ouverture du livre et ses notes de tournage, confiants dans la force des mots