Vues sur la mer
Imaginez qu'une femme (elle s'appelle Jeanne) arrive dans un hôtel (avec vue sur la mer) et s'y installe sans trop penser à rien (elle est en fugue). Imaginez aussi les personnages qui gravitent autour d'elle dans cet univers très singulier (le compagnon abandonné, le réceptionniste, la serveuse, le couple de vacanciers avec deux enfants).
Imaginez encore que l'histoire de cette arrivée se répète sept fois, mais toujours autrement, car l'hôtel n'est jamais au même endroit (à la fin, on est même en pleine montagne) et qu'à chaque reprise Jeanne et les autres personnages (ils portent toujours les mêmes noms) se rencontrent, se rapprochent, se perdent d'une façon qui se ressemble sans se ressembler tout à fait.
Enfin, laissez-vous emporter par l'imagination d'Hélène Gaudy, qui invente avec ces bribes élémentaires la plus subtile histoire d'amour et de solitude emmêlés. Cette jeune auteure construit peu à peu un premier roman des plus originaux aux accents souvent durassiens, un récit-kaléidoscope autour du besoin de se mettre en retrait et de ce qu'un refuge a parfois d'illusoire. Son observation aiguë des rapports humains d'aujourd'hui et son habileté à nouer une intrigue avec les éléments les plus simples font de Vues sur la mer une véritable révélation.