Mort de Judas : Suivi de Le point de vue de Ponce Pilate
Editeur : André Versaille
Point de réhabilitation dans Mort de Judas, mais Claudel voit en l’Iscariote plus qu’un trésorier cupide : c’est l’administrateur rationnel et terre-à-terre, incapable de comprendre le miracle de la foi. Si la curiosité lui fait suivre le Christ dans un premier temps, il se lasse des miracles, des grands gestes. Tout cela heurte son goût de la mesure, et lorsqu’il voit Marie-Madeleine dépenser sa fortune en parfum pour les pieds du Christ, c’en est trop ! Il faut ramener l’ordre, et Judas est bien surpris du mépris qu’on lui témoigne, à lui qui n’a accompli que son devoir. À travers Judas, Claudel s’insurge contre ses contemporains, qui délaissent la foi pour la science, le rationnel ou le bon sens médiocre.
Peut-être Claudel se sent-il plus proche du préfet de Judée, ayant lui-même exercé le métier de diplomate ; mais Le Point de vue de Ponce Pilate reste un texte mordant, rempli de curieux anachronismes.
Entre deux protestations d’innocence, Pilate revient obstinément sur ces poulets qui meurent avant qu’il ne puisse les sacrifier à ses dieux – il faut savoir que depuis la condamnation de Jésus, le pauvre homme ne peut plus assister à la moindre cérémonie religieuse sans que des phénomènes mystérieux n’en perturbent le cours… Et ce juriste rationnel ne sait où chercher les causes de sa disgrâce.
Le texte est suivi d'une notice biographique de Bernadette Dubois.