Dreyfusard !
Editeur : André Versaille
Comme la majorité des Français, Octave Mirbeau est d’abord indifférent au sort du capitaine juif dégradé dans la cour de l’École militaire le 5 janvier 1895 pour haute trahison, puis déporté à l’île du Diable. Mais lorsqu’en novembre 1897, le vice-président du Sénat, Scheurer-Kestner, dont l’intégrité est appréciée de tous, interpelle le gouvernement et se prononce pour la révision du procès de Dreyfus, Mirbeau, convaincu, rejoint le camp de plus en plus large de ceux (les dreyfusards, dont font partie Bernard Lazare et Émile Zola) qui, au nom de la Justice et de la Vérité, exigent que la lumière soit faite – face à l’autre camp, celui des conservateurs, soutenus essentiellement par l’armée, l’Église et la presse nationaliste, qui sont donc prêts à payer d’une injustice le maintien de l’ordre établi.
Mirbeau, comprenant le véritable enjeu social, politique et humain de cette affaire, se dépense alors sans compter.
Parmi les multiples formes que prend son engagement, ses pamphlets, parus pour la plupart dans L’Aurore, impressionnent par leur force de conviction : L’injustice qui frappe un être vivant – fût-il ton ennemi – te frappe du même coup. Par elle, l’Humanité est lésée en vous deux.
Passant de l’espoir et de la foi en la justice française à la douleur face à la haine et à la bêtise ambiantes, Mirbeau pose aussi sur lui-même et sur sa propre évolution (des articles franchement antisémites qu’il avait publiés dans le passé réapparaissent évidemment sur le devant de la scène) un regard très sincère : L’harmonie d’une vie morale, c’est d’aller sans cesse du pire vers le mieux...
Grâce aux événements et aux dialogues qu’ils rapportent, ces textes lucides et émouvants décrivent l’atmosphère qui régnait à Paris et en province au moment de “l'Affaire”.
Le texte est suivi d'une notice biographique de Véronique Leblanc.