La dynastie Goüin de l'abbaye de Royaumont
1)Histoire de l'abbaye L'abbaye de Royaumont est située dans le Val d'Oise, à une trentaine de kilomètres au Nord de Paris. Cette grande abbaye cistercienne est fondée entre 1228 et 1235 sous l'égide de Louis IX. Elle connaît son apogée à la fin du XIIIe siècle, après la canonisation de Louis IX devenu Saint Louis. Après une longue période de déclin à la suite de la Guerre de Cent ans, elle est vendue comme bien national lors de la Révolution Française. L'abbaye est alors convertie en filature de coton. L'usine ferme en 1863 et est rachetée par la congrégation des oblats de Marie-Immaculée, mais les religieuses ne parviennent pas y rétablir durablement la présence de l'Eglise. Le lieu est racheté au tournant du siècle par Jules Goüin, issu d'une grande famille d'industriels.
2)Histoire de la famille Gouïn, de la société Batignolles puis du groupe Spie-Batignolles et de leur relation avec l'abbaye Son père, Ernest Goüin (1815-1885), polytechnicien, est l'un des précurseurs de l'industrie du Chemin de fer en France, et un grand philanthrope. Devenu à la fin de sa carrière pt de la Ch. de Commerce de Paris, Conseiller gl de Paris, Régent de la Banque de France et Commandeur de la légion d'honneur, il s'éteint en 1885. Il laisse ainsi à son fils, Jules, la présidence de l'entreprise familiale, devenue en 1871 la « Société de construction des Batignolles ». En 1899, Jules Goüin achète l'ancien palais abbatial de Royaumont, puis en 1905 l'abbaye. Il y décède en 1908. En 1914, à l'initiative d'Edouard, l'un de ses fils, les bâtiments vacants sont mis à la disposition d'un corps médical écossais, qui transforme en quelques mois les bâtiments en vaste hôpital : plus de 2000 soldats sont soignés par les Dames de Royaumont. En 1923, après le décès des deux fils de Jules, c'est son petit fils, Henry Goüin, qui prend en charge la gestion de la propriété, avec l'idée ambitieuse d'y créer un large phalanstère.
3)Histoire de la fondation Henry Goüin épouse en 1931 Isabel Lang, petite fille de l'un des fondateurs de la banque Lazard. Tous deux passionnés de musique, ils offrent en 1936 un premier concert public dans l'abbaye, avec le concours de François Lang, frère d'Isabel et pianiste de renom. Ils inaugurent en 1938 le « Foyer de Royaumont, lieu de travail et de repos pour artistes et intellectuels ». C'est à cette époque que François Lang y constitue sa vaste bibliothèque musicale comprenant plus de mille trois cents titres. Il rassemble notamment les manuscrits musicaux de Debussy (dont la partition annotée du fameux Pelléas et Melisande), et les partitions d'origine de Rameau, Beethoven, et Schubert. Après guerre, devenu « Centre culturel international de Royaumont », l'abbaye est un lieu d'échange important pour les intellectuels français et étrangers. Pour pérenniser le projet, le couple crée en 1964 la « Fondation Royaumont (Goüin-Lang) pour le progrès des sciences de l'Homme », qu'il dote de la propriété du monument et d'un capital.
Son ambition est philanthropique et pacifique, s'appuyant sur l'hypothèse que la connaissance de l'homme sous tous ses aspects est un frein aux haines et fanatismes. Première Fondation privée en France, reconnue d'utilité publique dès 1964, la Fondation soutient les activités intellectuelles et artistiques au sein de l'abbaye. Dans les années 1970, le projet s'oriente vers la recherche transdisciplinaire, entre sciences de la nature et sciences humaines, avec le concours de J. Monod et Fr. Jacob notamment. Depuis la disparition d'Henry Goüin en 1977, les fers de lance de la fondation sont les créations dans les domaines de la musique vocale, la poésie et la danse contemporaine.