Avec Stendhal
Stendhal n'est pas un écrivain comme les autres. Il nous a laissé tant de confidences sur lui-même que nous avons l'impression de le connaître à fond, ou en tout cas davantage que beaucoup de personnes de notre entourage. Ce n'est pas en vain qu'il a confié le destin de son oeuvre aux " amis inconnus ". Depuis sa disparition, ils ont répondu " Présents ! " à son rendez-vous et forment une chaîne ininterrompue de complices indéfectibles.
L'auteur de ce livre a consacré une grande part de sa vie professionnelle et privée à fréquenter Stendhal et ne s'est jamais lassé de sa compagnie. Valéry disait qu'avec lui on n'en finirait jamais. Rien de plus vrai. Mais que signifie ce commerce endurant ? Au-delà du mystère des atomes crochus et des affinités électives, qu'implique-t-il au juste ? La fréquentation assidue d'un écrivain favori a-t-elle des incidences concrètes sur le comportement, les goûts, les idées ? Depuis les circonstances les plus banales de l'existence quotidienne jusqu'aux grands engagements politiques ou amoureux, on témoigne ici par l'exemple de l'étrange pouvoir qu'a toujours exercé Henri Beyle sur ceux qui l'ont élu comme maître à penser et à vivre - à moins que ce ne soit lui qui ne les ait choisis, ces " happy few " heureusement nombreux, dont chacun est intimement persuadé d'être le préféré, pour converser avec eux au-delà de la mort. Fantôme tendre et ironique, il se mêle à la trame de leurs jours, il est toujours là derrière leur épaule pour les rappeler à l'ordre des valeurs beylistes : rigueur dans l'exercice de l'esprit, folie dans les entraînements du coeur.
Bref, qu'est-ce qu'" être stendhalien " ? Quel est le secret de ce couple qui a fêté ses noces d'or : Stendhal et moi ?